Les offres ARENH

Une offre ARENH (que l’on appelle aussi « offre indexée sur l’ARENH ») présente des prix de fourniture d’électricité qui sont contractuellement théoriques : ce sont les prix de base, auxquels viendront potentiellement s’ajouter des surcoûts au 1er Janvier de chaque année.

Ces surcoûts découlent de 2 évènements susceptibles d’impacter le dispositif ARENH, à savoir :

• La revalorisation du prix de l’ARENH au 1er Janvier de chaque année
  
• L’écrêtement (si la demande d’ARENH au niveau national est supérieure au volume mis à disposition)
  

Une offre ARENH se doit de mentionner le pourcentage d’ARENH que le fournisseur d’électricité va intégrer dans l’approvisionnement de son client pour chaque année de fourniture.
Selon les fournisseurs, il y a 2 variantes.

D’une côté les fournisseurs qui n’appliquent le droit ARENH que sur les consommations de saison basse (heures été). Ce qui est en soi une application stricto sensu du mécanisme, car rappelons le, les droits ARENH du consommateur sont générés par les consommations estivales.
De l’autre côté, les fournisseurs qui diluent le droit ARENH sur la consommation globale annuelle du consommateur.

Selon la variante choisie par le consommateur, les avantages et risques de l’ARENH porteront soit sur toute l’année de fourniture, soit de façon décuplée sur la seule période estivale.

Pour un rappel plus général sur ce qu’est l’ARENH, nous vous conseillons la lecture de notre article précédent :

Grâce à l’ARENH, les fournisseurs d’électricité peuvent s’approvisionner au prix régulé par l’Etat Français, à savoir 42 €/MWh depuis 2012.
A partir du moment où les marchés de gros de l’électricité dépassent ces 42 €/MWh, l’ARENH est compétitif.

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les offres ARENH ont commencée à être plus massivement commercialisées en 2018, année au cours de laquelle les prix de marchés ont largement dépassé les 42 €/MWh.

Cet approvisionnement à un prix inférieur aux prix du marché de gros de l’électricité pour le fournisseur d’électricité implique donc mécaniquement un prix de vente plus faiblepour le consommateur final.

L’effet ARENH sur le prix de vente proposé par le fournisseur au consommateur dépendra principalement du pourcentage d’ARENH qui sera inclus dans l’approvisionnement du consommateur, et de la répartition de ces parts d’ARENH (un peu sur toute l’année, ou en plus grande quantité en été).
Plus il y aura d’ARENH, plus le prix final sera tiré vers le bas !

Lorsqu’un fournisseur d’électricité contractualise une offre ARENH avec un client, il s’engage donc à commander tous les ans au « guichet ARENH » les volumes d’ARENH qui seront consommés par son client l’année suivante.

Etant donné que la plupart du temps, le droit ARENH du consommateur ne représente pas 100% de sa consommation prévisionnelle, le fournisseur va devoir acheter la part manquante de l’approvisionnement sur les marchés de gros (marchés à terme), à un prix en général bien plus élevé que les 42 €/MWh de l’ARENH.

Plus cette part approvisionnée sur le marché est importante, plus l’avantage de l’ARENH va tendre à s’annihiler sur le rendu du prix final.

Alors que le calcul des droit ARENH est censé être le même pour tous les fournisseurs, nous observons de fait que pour un même consommateur, chaque fournisseur proposera un pourcentage d’ARENH différent, avec parfois des gros écarts.
Ce qui va donc impacter le prix de vente final de chaque fournisseur !

Exemple théorique :

Outre la pure et simple énergie électrique, le « produit ARENH » inclut également la livraison des garanties de capacité correspondant aux volumes d’énergie fournie.
Ainsi donc, une offre incluant de l’ARENH va réduire l’obligation de capacité du consommateur, et donc le coût de la capacité.

Rappel sur ce qu’est le mécanisme de capacité :

Tout comme pour la fourniture d’énergie, l’impact de l’ARENH sur la capacité peut se décliner de 2 façons différente : soit un impact lissé sur toute l’année, soit un impact focalisé sur la période estivale.

Dans ce deuxième cas, la période estivale (heures pleines et heures creuses été) peut présenter une obligation de capacité négative, c’est-à-dire que le consommateur se fera rémunérer au titre du mécanisme de capacité pour toute consommation en été (l’hiver reste quant à lui une période où l’obligation de capacité sera très forte, donc facturée très cher).

Déterminé par la Commission de Régulation de l’énergie (donc par l’Etat Français), le prix de l’ARENH est susceptible d’être revalorisé.
Initialement fixé à 40 €/MWh en 2011 lors de l’instauration du mécanisme, ce prix a été revu à la hausse au 01/01/2012, passant ainsi à 42 €/MWh.
C’est toujours ce prix de 42 €/MWh qui est en vigueur en 2021.

Une augmentation du prix de l’ARENH ne peut pas avoir lieu en cours d’année, mais seulement au 1er Janvier de l’année suivante.
Dans un tel cas, c’est la part du volume du consommateur approvisionné en ARENH qui serait impacté par cette hausse.

On pourrait résumer par la formule suivante :
Surcoût en €/MWh sur la consommation totale = (Nouveau prix Arenh – Ancien prix Arenh) x pourcentage d’ARENH du contrat de fourniture d’électricité

Plus l’offre intègre un pourcentage élevé d’ARENH, plus le surcoût va être important pour le consommateur.

Si, lors du guichet ARENH organisé par la CRE fin Novembre, la demande de tous les fournisseurs alternatifs est supérieure aux 100 TWh disponibles pour l’année de livraison suivante, alors il y aura ce qu’on appelle un « écrêtement » : une partie de la demande d’ARENH pour l’année N+1 ne sera pas satisfaite.
La CRE procède alors à l’attribution des volumes d’ARENH dans le respect du plafond réglementaire et au prorata des demandes formulées par les fournisseurs.

Les fournisseurs ont alors environ un mois pour acheter les volumes écrêtés (les volumes manquants par rapport à la demande d’ARENH initiale) sur le marché de gros pour garantir l’approvisionnement en électricité des clients au 1er Janvier de l’année suivante.

L’écrêtement, fait donc peser une triple inconnue pour le consommateur lorsqu’il souscrit à une offre ARENH :

• Le taux d’écrêtement pour les années à venir n’est pas connu, et évolue tous les ans, en fonction de la demande d’ARENH au niveau national, et du volume disponible (aujourd’hui 100 TWh, mais le plafond peut être augmenté sur décision de l’Etat français).
  
• Les prix auxquels seront achetés les volumes écrêtés ne sont pas encore connus : ils sont tributaires d’un marché de gros de l’électricité qui est extrêmement volatile, et de plus en plus imprévisible.
  
• Le surcoût engendré dépendra de la stratégie d’achat du fournisseur, et de la date & du prix auxquels il va achètera les volumes écrêtés (entre l’annonce du niveau d’écrêtement fin novembre et le 31 Décembre de l’année en cours).
  Notons que certains fournisseurs précisent dans leur contrat comment sera évalué ce surcoût, d’autres vont jusqu’à permettre au consommateur de sélectionner lui-même la date à laquelle il achètera les volumes écrêtés, et d’autres encore, ne précisent rien du tout …
  

A nouveau, plus le pourcentage d’ARENH du consommateur est élevé, plus le volume écrêté va être important, et plus le surcoût sera important dans le cadre du scénario 1.

Précisons qu’en cas d’écrêtement, les garanties de capacité associées sont également écrêtées, et les fournisseurs doivent acheter sur le marché les garanties de capacité manquantes, ce qui renchérit également le budget de capacité.

Lorsque les prix du marché flambent, le recours à l’ARENH permet de limiter la hausse des budgets d’électricité.

En revanche, la pédagogie est indispensable pour appréhender les offres ARENH.

En effet, il est indispensable d’intégrer le fait que les prix mentionnés sur le contrat ne seront probablement jamais les prix réellement facturés, en raison des risques de revalorisation de l’ARENH et de l’écrêtement qui a lieu chaque année.

Il est également indispensable de savoir comparer rationnellement des offres qui incluent des pourcentages d’ARENH différent.
Car plus d’ARENH signifie contractualisation d’un prix plus compétitif, mais aussi exposition plus importante aux risques précédemment évoqués.

Aussi, il convient d’envisager l’ARENH comme un outil, que l’on peut utiliser de plusieurs manières détournées. Voici quelques idées :

• Partir pour une offre hybride, incluant des périodes fournies en ARENH et le reste fourni en marché (prix fixe), afin d’obtenir le meilleur des deux mondes.
  
• Obtenir une option SWAP, permettant de basculer d’une fourniture ARENH à une fourniture en marché en cours de contrat, si les risques pesant sur l’ARENH s’avèrent trop lourd.
  
• Partir sur une offre ARENH, pour laquelle le fournisseur accepte de prendre à sa charge une partie du risque (écrêtement ou revalorisation du prix ARENH). Mais moins de risque signifie un moindre impact sur la compétitivité prix.
  

Le plus important étant dans tous les cas un conseil objectif et de qualité, pour que vous puissiez faire le meilleur choix pour votre fourniture d’électricité, avec les fournisseurs les plus adaptés et les plus compétitifs !